Jean-Marie Blondieau à la chasse
Jean-Marie Blondieau, malgré un physique plus qu’aléatoire, est un homme à femmes. Peu importe le physique, seule une certaine coquetterie compte, du moment qu’elle n’est pas trop grande. Il fait parfois des exceptions. Une légèrement plus grande mais avec une très forte poitrine est de ses affaires, comme Nadine Turinos, son adjointe avec laquelle une forte complicité s’est nouée en très peu de temps. Ce qui faisait volontiers rire Florent Seguin qui envie certainement un peu cette exemplarité en matière de séduction. C’est que Jean-Marie Blondieau enchaîne les conquêtes, avec ses officielles et ses officieuses. Un homme généreux qui ne compte rien lorsqu’il faut offrir un joli cadeau, pour obtenir l’immense faveur d’une petite ou d’une grande secousse. Nadine Turinos, Jean-Marie Blondieau l’avait recrutée dans son équipe municipale car sa maison, qu’elle partageait avec son militaire de mari, faisait presque face à la mairie. Une voisine, donc, et sa voix fluette et douce avait certainement charmé les oreilles du premier magistrat avitien. Une voix qui contrastait avec le physique de cette femme de forte corpulence, à l’imposante disposition mammaire. Une voix fluette et douce, mais aux accents traînants et nonchalants qui allaient de pair avec la lenteur des gestes de Nadine Turinos, qui s’appliquait à ne jamais appuyer ses mouvements. Une femme forte, mais coquette. Elle aime se maquiller, porte des pulls en mohair dignes d’une Anne Sinclair des années 80. Aux oreilles, des perles de culture qui pendent en breloques, aux doigts, des bagues en or surmontées de pierres précieuses, des yeux et des lèvres maquillés. Les rondeurs de Nadine Turinos ont donné faim à Jean-Marie Blondieau dont la petite taille mettait son nez à hauteur de poitrine. Un nez qui aurait pu être écrasé entre les deux seins aux rondeurs en forme de poires, mais fermement maintenus par un soutien-gorge de bonnet F. Malgré ses tenues vestimentaires qui semblaient la maintenir, toutes les rondeurs de Nadine Turinos dépassaient d’elle. Ce qui avait certainement attiré les convoitises de Jean-Marie Blondieau qui n’était jamais avare d’un coup d’œil leste et d’une main qui, malgré ses tremblements, pouvait adroitement effleurer une petite main aux doigts tout aussi petits et ronds. Malgré ses apparences, Nadine Turinos est une femme discrète, plutôt taiseuse voire secrète. Souvent avare d’une parole, fait qui contraste avec la volubilité de Jean-Marie Blondieau. Cette femme mariée à un militaire de carrière, plutôt sportif, est la maman d’un adolescent sans histoires, qui fréquente les bancs du lycée avec la même discrétion maternelle. Nadine Turinos aime les hommes à moto. Jean-Marie Blondieau ne peut lui offrir que des tours en Velsatis mais, parfois, il aime prendre sa Méhari pour emprunter les petits chemins boueux de la campagne et partir en chasse, son épagneul français à l’arrière, la truffe à l’air et en poupe. Le petit homme aimait la chasse. Ses bottes et sa chasuble orange étaient toujours dans le coffre de sa voiture. Le fusil aussi. Toujours à portée de coffre, on ne sait jamais. Jean-Marie Blondieau aime cultiver son âme de chasseur. Par-dessus tout, il aime les battues, les grandes chasses et aussi les grandes tablées, dont les grands rendez-vous de la Saint-Hubert. Il aimait l’art cynégétique depuis sa plus tendre enfance. Tout petit déjà, il jouait les rabatteurs pour les grands propriétaires du coin qui organisaient, dans les bois avitiens, de grandes chevauchées avec des meutes qui partaient à la recherche du Grand Cerf, ou de jeunes cervidés. Du gibier, il y en avait à foison dans les bois avitiens. Il n’était pas rare que Jean-Marie Blondieau, entre deux séances de rabattage, ne ramène pas une grive ou un lièvre attrapés avec les moyens du bord. De quoi améliorer un ordinaire fait de pain rassis, de petites miettées au mauvais vin et au sucre frelaté qui remplissaient à peine les estomacs. Aujourd’hui, c’est lui, Jean-Marie Blondieau, qui organise les grandes chasses. Et même des safaris en Afrique pour emmener des clients en quête de sensations fortes dans la savane ou la brousse. A Saint-Avit-les-Monts, il traque tout, du plus petit au plus gros gibier. Un chasseur français avide de toutes les rencontres. Avec Nadine Turinos, il avait vu aussi gros que petit. Elle était en charge des petites et sales besognes, lui se contentait de donner quelques indications et autres orientations, en tenant compte des dernières informations obtenues au bar du bourg du Centre, ou dans les réunions des commissions dans lesquelles il pouvait siéger. Ce qu’il aime par-dessus tout Jean-Marie Blondieau, ce sont les arrières salles des restaurants, des petits bouibouis ou des grands établissements, des salles oblongues ou des alcôves où il emmenait avec lui ses petits fidèles infidèles. C’est une habitude qu’il avait prise depuis qu’il était entré en affaires, depuis que son patron lui avait laissé les clés de la maison Rex Isol. Les cafés, les restaurants, les discussions, et les pactes se nouent autour d’un filet de bœuf et d’un verre de Saint-Nicolas-de-Bourgueuil. Son passé de chef d’entreprise lui avait permis de nouer des liens avec les politiques du coin, à être le mieux-disant sur les marchés publics après avoir eu connaissance de quelques aspects de la concurrence. Les élus, il les a toujours connus. C’est pour ceci qu’il s’était engagé très tôt aussi dans les affaires municipales, en devenant simple conseiller puis adjoint. Chef d’entreprise et VRP de ses petites et grandes affaires.