Tu ne crains rien ici
Tu ne crains plus rien d'autre que ta prison, ta geôle dans laquelle on t'a consignée, assignée à résidence comme si tout cela avait de l'importance. Mais qu'attends-tu toi qui n'a rien contrefait mais qui a tout défait? Qu'attends-tu que je fasse ? Que je m'égare ou que je me délace dans ces méandres contrefaits ? Je me suis délassée pour que tu t'exhibes et que tu t'exposes toi le perroquet, le parrot qui me conforte dans l'idée que je me suis décontractée sans me laisser aller. Il faut que j'aille me confronter à la lunette des autres, que j'aille voir dans leur lunette arrière ce par quoi ils sont passés sans pour autant m'oublier. Je ne veux plus m'oublier mais juste évoquer les talismans qui ont émaillé mon passé comme ces pierres de lune et ces roches entières qui ont trouvé une place dans ce collier de perles et de fleurs. Je suis cette pierre de corail que tu importes à prix d'or et qu'il faut laisser en dehors de toi. Je t'en prie, ne t'embarrasse pas avec moi et garde ces souvenirs précis que tu étais dans un avenir qui s'annonçait radieux. Maintenant, je n'ai qu'une vision descendante. Je suis en phase descendante et je vais m'affronter avec les croches de la misère d'être vieille et si peu désirée. Je ne suis née d'aucun désir ni même de l'envie d'être heureux. Je suis la fille d'un sacerdoce qui ne peut pas être heureux car j'ai tout suicidé, sa vie, sa planète entière dans ma vie de misère. Je ne me défilerai pas, je ne fuirai pas et j'affronterai le regard des autres même si je suis lasse bien qu'enjouée. Je me défie de quiconque. J'écris en quinconce. Je n'écris presque rien et je me vois de loin me sacrifier pour un lamentin qui n'a rien dit mais qui me défie de rester dans ma cambrousse. Qui l'aime ce temps qu'il faut défier ou laisser filer ? Qui l'aime cette philosophie de tout laisser couler de peur d'affronter la vérité ? Que je suis la fille d'un suicide entre un chien et une chatte qui ne voulait pas que je m'en aille, qui ne voulait pas me porter mais qui voulait laisser filer les bas de laine ? Isabelle, veux-tu que je m'entraîne à compter tes cheveux comme moi je ne vaux plus rien à l'argus du restoroute ? Je ne cote plus rien je suis dans l'illusion qu'on aura tout fait alors qu'il y a encore du travail ici bas à rendre compte des métamorphoses de ce monde qui file un mauvais coton. Il y a de la place pour tous ceux qui voudront bien me retrouver dans les méandres de l'internet. Je suis la diariste du net et je file trouver un erasure net. Je suis dans l'effacement, c'est ma vitrine, mon sacerdoce à moi. Je me défile tout le temps et je ne m'accroche à rien d'autre qu'à l'écriture. Mais que faire dans cette prison, dans cette cage dorée qui ne m'épargne rien et qui ne voudra pas que je m'efface tant que je n'aurai pas fait ce pour quoi ils sont attachés, que je sois l'envie d'en découdre avec la littérature coûte que coûte. Un combat vain ou une lumière enfin ? Il faut que je me rende compte que je fais du slash et de l'embonpoint. Je suis dans l'amour du monde et dans l'originalité du truc qui accroche plutôt que comptabiliser le nombre d'entrées... Pourquoi vendre à perte alors qu'on a diffusé toutes les appréhensions de la partie ? Il faut que tu gagnes la partie sans te laisser faire par ces cohortes de riches qui virent au pire. Qui sera le pire et qui sera dans ma machine ? Je ne peux faire machine arrière mais je suis dans la céleste ambition de voir que tout un rang d'oignon est levé dans ma perruque.